Les feux au vert pour l’injection de biogaz
Énergie. Depuis quelques mois, les obstacles à l’injection directe de méthane dans le réseau de gaz naturel tombent les uns après les autres. Les nombreux porteurs de projets de méthanisation, notamment dans l’Ouest, saisissent cette opportunité.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire a organisé en mai une journée Innov’action sur le thème de la méthanisation, sur le site de la SAS Bioénergie à Vihiers (Maine-et-Loire), unité de méthanisation agricole et de cogénération d’électricité-chaleur la plus importante en France avec 44 exploitations impliquées. À cette occasion, plusieurs agriculteurs ont témoigné de projets en cours dans la région, ayant tous choisi l’injection directe de biogaz dans le réseau. « Depuis que l’injection est devenue une option possible en 2012, nous avons eu tendance à la privilégier pour des raisons d’efficacité, reconnaît Cécile Hubert, chargée de mission énergie à la chambre d’agriculture. Avec la cogénération, le rendement en électricité est de 35 à 45 %, et peut atteindre globalement 70 à 80 % si la chaleur est bien valorisée. Tandis que le rendement avec l’injection est de 90 %. De plus, le montage de projets avec valorisation de la chaleur est beaucoup plus complexe. » Depuis 2017, d’autres nouveautés ont contribué à favoriser les projets d’injection directe, voire la réorientation vers cette option. En novembre, un arrêté de réfaction est paru, prévoyant la prise en charge des extensions de réseau à hauteur de 40 % par les gestionnaires de réseaux (GRDF principalement).
Un droit voté par les députés
« Ceux-ci ont un discours incitateur et se montrent prêts à adapter leur réseau pour capter les sources de biogaz. Ils connectent des réseaux entre eux afin de créer des bassins de consommation plus importants. »
En outre, l’injection de biogaz ne se fait à l’heure actuelle que dans le sens de la consommation, mais plusieurs sites expérimentent des adaptations techniques pour une utilisation des réseaux dans les deux sens. C’est-à-dire que le gaz peut être transporté ailleurs s’il n’est pas consommé : on appelle cela le rebours, et il pourrait devenir systématique à partir de 2020 ou 2021.
Enfin, le 29 mai 2018, les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur l’agriculture, des mesures visant à faciliter le raccordement des installations de production de biogaz aux réseaux de transport et de distribution du gaz naturel. « Cette notion de droit à l’injection quand l’installation se situe à proximité d’un réseau sous-entend une prise en charge à 100 % des raccordements », estime Cécile Hubert. Seule ombre au tableau : la multiplication des projets et des demandes de subventions pourrait diminuer la part de celles-ci dans le financement. « L’Ademe dispose d’une enveloppe constante de 40 M€ depuis dix ans et pourrait revoir les critères de sélection », prévient Cécile Hubert.
Nathalie TiersPour accéder à l'ensembles nos offres :